Par plusieurs évènements intervenus récemment, les français ont été rappelés aux «années noires» de l’Occupation de la France par l’Allemagne nazie (1940-1944) de façon assez spectaculaire: d’une part lors de la remise du prix Nobel de littérature 2014 à l’écrivain français Patrick Modiano dont l’œuvre se centre essentiellement sur le Paris de l’Occupation et d’autre part tout récemment à l’occasion de la parution du nouveau roman de Michel Houellebecq, Soumission, en janvier 2015. Ce roman fut immédiatement interprété comme une sorte d’allégorie du comportement des Français sous l’occupation du pays par les forces armées du Troisième Reich et de leur disposition historiquement fatale à la collaboration avec l’ennemi. Ce qui est pourtant vrai, c’est que le support massif de la «France de Pétain» et du «Régime de Vichy» ainsi que la contribution active de la population civile et des forces d’ordre à la déportation des juifs restent jusqu’à nos jours un traumatisme collectif et national important pour le peuple français. Cependant, ces événements ont été évoqués pratiquement dès leur source par la littérature et le cinéma. Dans ce processus de commémoration parfois pénible, c’est certainement au cinéma que revient le rôle le plus important dû à sa qualité de moyen de communication de masse et à son caractère essentiellement visuel qui le rend particulièrement efficace par rapport à son impact sur la mémoire collective. C’est la principale raison pour laquelle, dans le cadre de notre séminaire, nous nous proposons d’étudier la représentation du temps de l’Occupation dans le cinéma français à la base d’une sélection de films qui ont plus marqué l’image que le public français allait se forger d’un passé dont la mémoire a été à tout temps difficile. Les œuvres abordées comportent des films de fictions autant que des documentaires et couvrent une période qui va de l’immédiate après-guerre jusqu’à la fin des années 1990: de la genèse du mythe de la résistance et sa première déconstruction dans La bataille du rail (1945) de René Clément et Le silence de la mer (1949) de Jean-Pierre Melville jusqu’à la dénonciation des juifs dans Le dernier métro (1980) de François Truffaut et Au revoir, les enfants (1986) de Louis Malle en passant par la grande remise en cause des années 1970 avec le documentaire Le chagrin et la pitié (1969) de Marcel Ophuls et le film de fiction Lacombe, Lucien (1974) de Louis Malle (d’après un scénario de Patrick Modiano), sans oublier pour autant des productions plus récentes comme Une affaire de femmes (1988) de Claude Chabrol et Lucie Aubrac (1996) de Claude Berri. Méthodologiquement nous nous appuyons sur les théories de la mémoire culturelle, et en particulier sur le concept des traumatismes collectifs, ainsi que sur l’outillage de l’analyse filmique et de l’adaptation cinématographique des textes littéraires.

La durée du cours est provisoirement fixée de 16 à 20 heures du fait que toutes les deux semaines nous allons visionner un film ensemble, mais ce qui ne veut pas dire que le cours durera chaque fois aussi longtemps!

Le programme détaillé du cours et une bibliographie sélective seront disponibles sur Moodle dès la fin de mars. Nota bene : Le séminaire aura lieu en langue française.